Ska Montréal, retour sur un festival déjanté !

Ska Montréal, retour sur un festival déjanté !

Par Stephan Pleszkewycz

 

Alors que mon réveille-matin m’extirpe du monde des rêves, je me réveille avec une seule pensée en tête. «Oh Seigneur, j’ai si mal, je me sens comme si un camion m’avait roulé dessus!». Quand tu sors du lit en te sentant comme une tonne de briques, tu sais que tu as fêté très fort la veille! J’associe généralement ce niveau de douleurs musculaires et dorsales à un week-end passé à dévaler les pentes. Mais avec les centres de ski n’ayant aucune neige, c’était plus divertissant de raconter à mes collègues de travail que ma fatigue est le résultat d’avoir dansé durant tout le week-end à un festival de musique. À ce moment, on me demande : «Étais-tu dans l’un de ces intenses mosh-pit de spectacle métal? ». Question qui me fait rigoler et à laquelle je réponds : « Nah, man! J’étais au Festival Ska de Montréal! ». 

 

J’ai récemment eu le plaisir d’assister au quatrième Festival Ska Montréal organisé annuellement par la Société Ska Montréal. Une organisation sans but lucratif et bénévole qui se dévoue pour l’amour de la musique à Montréal et la culture s’étant développée dans les Caraïbes durant les années 1950, en organisant un festival de ska chaque année à Montréal. Le festival amène à Montréal une variété d’artistes provenant de partout sur la planète, leur donnant ainsi la chance de découvrir la culture du Québec. Les artistes ska locaux ont également l’opportunité de performer avec des groupes qu’ils ont toujours admirés. C’est vraiment un événement à découvrir, d’autant plus qu’il est le seul festival débutant avec une soirée alcoolisée et se terminant par un déjeuner copieux.

 

Alors, tu te demandes sûrement, c’est quoi ce ska? Ne t’inquiète pas, je vais t’épargner l’effort de regarder sur Google. Le ska est le prédécesseur musical du reggae et est caractérisé par une basse régulière ainsi que des guitares rythmées. Imagine un quatuor de reggae habituel, ajoutes-y des cuivres et parfois un clavier, et tu as une combinaison parfaite pour un party de fou. Prenant naissance dans les Caraïbes durant les années 1950, l’engouement autour de cette danse musicale s’est vite répandu de la Jamaïque à l’Angleterre durant les années 1980, où le ska a pris une touche plus jazz. Le ska a finalement migré en Amérique du Nord vers la période durant laquelle il se mêlait aux scènes rock et punk. Nous en sommes actuellement à la quatrième vague expérimentale du ska, le genre s’étant maintenant tranquillisé après la popularité qu’il a connue dans le passé. Alors que ce type de musique ne jouit pas de la même popularité qu’il y a quelques décennies, la Société Ska Montréal continue d’alimenter fortement la vague dans les endroits locaux. 

 

Les festivités ont été lancées avec un party de lancement officiel au Petit Campus, qui accueillait quelques-uns des meilleurs acteurs de la scène de ska locale et internationale. Le programme de la soirée incluait The Fundementals, The Dropsteppers, PL Mafia, Les Happycuriens et le DJ Agent Jay des Slackers, qui ont fait danser tout le monde avec une merveilleuse playlist entre les sets. La soirée s’est conclue avec un after party gratuit à minuit où flottait le son soul de Prince Perry. 

 

La soirée du vendredi était tout à fait new-yorkaise, alors que Victor Rice vs The M7, The Fourthrights et The Rudie Crew ont fait le long trajet vers le nord pour venir nous montrer tout le talent qui cogite dans la Grosse Pomme. Avec le DJ Agent Jay aux platines entre les sets, c’était difficile pour quiconque d’arrêter de danser. Après la fin du dernier set, le party s’est déplacé vers un autre excellent after party avec la tonalité en deux tons de Sound One, de Toronto.

 

Juste au moment où tu penses que ça ne pourrait pas être plus légendaire, le samedi a présenté sa soirée toute Skanadienne au Club Soda, mettant en vedette quelques-uns des plus grands artistes de notre nation froide. À l’ouverture des portes à 7 :30, Vinny Savage &The Wild Side a débuté le party avec son mélange usuel de beats smooth et de breakdowns énergiques. Le Club Soda commençait à peine à se remplir, mais tu pouvais déjà sentir que la soirée allait être mémorable. Ensuite est arrivé The Beatdown, qui a fait danser tout le monde avec leur dirty reggae et leur style particulier propice pour chanter avec eux. Les solos d’harmonica et les moments pour crier tous ensemble « quand je dis reggae, tu dis reggae » ont gardé tous les gens debout sur leurs pieds et les ont amenés à s’époumoner.

 

Sans voix et avec des pieds endoloris, nous sommes sortis prendre une bouffée d’air et avons envahi les dépanneurs pour trouver des boissons pas chères. (3$ pour une bouteille d’eau? Yeah right!) Lorsque nous sommes revenus à l’intérieur, nos oreilles ont été accueillies par la pop teintée de rock-reggae du « Sublime canadien », Ill Scarlett. Alors que le groupe rockait avec sa présence scénique innée, nous avons réussi à former un petit pit au sein d’adolescents qui étaient même trop effrayés pour danser. Même si les jeunes n’ont peut-être pas apprécié nos pitreries dans le mush-pit, ils ont sans aucun doute aimé lorsqu’Ill Scarlett a joué Paper Planes de M.I.A (sans les bruits de coups de fusil). Ill Scarlett a terminé sa prestation avec le populaire single « Mary Jane », qui a ensuite propulsé la foule en dehors du four qu’était devenu le Club Soda, pour respirer de l’air frais bien mérité et pour fumer une cigarette. (Comme si l’odeur d’herbe à l’intérieur n’était pas assez de fumée). Après notre petite pause, nous sommes entrés de nouveau et avons été agréablement surpris en voyant The Johnstones prendre d’assaut la scène. Qui sont The Johnstones exactement? Eh bien, prends LMFAO, multiplie ces deux connards par 3, et donne-leur un peu de talent. Ce que tu obtiens est l’un des spectacles les plus divertissants de la scène musicale canadienne. The Johnstones ont réussi à se bâtir une grosse base d’admirateurs grâce à leurs singeries sur la scène, ce qui les a amenés à se faire bannir de plusieurs endroits et d’être incarcérés à travers l’Amérique du Nord. Mais leur performance a été scindée par un moment de silence complet à la vue d’une personne en fauteuil roulant, surfant son chemin vers la scène dans sa manière habituelle. The Jonhstones ont terminé le spectacle en invitant tout le monde à venir danser sur la scène avec eux. Une finale du tonnerre d’un bon spectacle énergique.

 

Alors que The Johnstones quittaient la scène, la foule à l’intérieur de la salle commençait à prendre de l’expansion, tout le monde se préparant pour la finale de la soirée, The Planet Smashers. Un groupe de ska local qui est né au début des années 1990. Ils ont été la tête d’affiche d’un nombre incalculable de spectacles de ska à travers le monde, exportant l’amour du ska du Québec aux fans de tous les continents. Arrivant sur la scène avec des chapeaux de pirate assortis et accompagnés d’un hippopotame dansant, les Smashers ont vraiment été les boute-en-train de la soirée en nous convertissant à la danse house et aux chants en chœur, ainsi qu’en entraînant la formation d’un énorme pit où nous skankions. La meilleure partie est lorsque la salle a été séparée en deux durant Surfing in Tofino, et que les deux côtés ont été invités à entrer en collision, sous une pluie de confettis.

 

Après la performance des Smashers, tout le monde est retourné dehors pour faire le trajet vers l’Absynthe sous la pluie. Pour un after party génial rempli d’escapades ivres à la fois du groupe et des fans. Pour ceux qui sont encore en vie après un week-end à danser et à boire, un déjeuner spécial a été organisé au Ye Olde Orchard, qui offrait un déjeuner à 5$ et un rabais sur la bière à délecter en écoutant la performance acoustique de Mitch Girio.

 

Pendant que la simple mention du genre musical qu’est le ska amène les gens à se gratter la tête dans cette ère musicale du Top 40 merdique, je suis content que la scène du ska à Montréal ait encore des racines profondes dans notre ville.

 

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