
Mise en contexte: Christian Mistral est un écrivain québécois qui a connu son heure de gloire à la fin des années 80 et au début des années 90. Aujourd’hui, il traîne du haut de ses 6 pieds 6 pouces et 300 livres une réputation de gros dégueulasse ivrogne et batteur de femme. Bref, il perpétue le mythe des écrivains maudits. Moi, je pense que c’est un maudit tata.
C’est donc par une chaude nuit ensoleillé (ou enlunée devrais-je dire…) de l’été dernier que mes deux colocs et moi avions convié la moitié de la ville de Montréal à notre pendaison de crémaillière pour l’appart que nous occupions depuis un an à ce moment. Ed. Hardore le sanguinaire et moi, nous étions bien exténués après avoir passé la semaine à pelleter de la garnotte et construire des murs de roche respectivement. Mais la soirée s’annonçait grandiose et Nigr99tzky était resplendissant.
Les convives ont commencé à arriver tranquillement, et fatigue extrême oblige, je suis devenu complètement ivre bien avant le peak de la soirée. C’est alors qu’un grand hurluberlu a attiré mon attention. Parce qu’il était avec Ed. et que je l’avais déjà vu à Tout le Monde en Parle, j’ai tout de suite tracé les liens: c’était Christian Mistral. Sa présence chez moi m’honorait et j’ai été enchanté qu’Ed. me le présente. Sauf que lui, il avait l’air de se crisser pas mal de moi. En fait, il souhaitait surtout prendre sa douche. Ce qui est très louche, vous en conviendrez, vers minuit dans une fête branchée peuplée d’une presque centaine de gens. On s’est dit que c’était un excentrique et on l’a laissé faire. Après tout, peut-être que ce n’était qu’un autre de ces fameux Soirs de Scotch…
Et puis là, je me rappelle plus de grand chose. Sauf d’être allé me coucher. Vers 8 heures le lendemain matin, des cris de mort ont surgi de je-ne-sais-où et j’avais l’impression que le Wu-Tang Clan au complet était dans mon salon en train d’enregistrer un autre de leurs interludes tragico-hystériques qui ont fait leur renommée. Faque je me suis levé, je suis sorti de ma chambre et c’est là que j’ai vu mon Nigr99tzky venir à la rescousse du Morin des Amériques qui était en train de se faire sacrer une volée pendant son sommeil sur un matelas improvisé. Le gros Mistral s’était affalé dessus avec la ferme intention de lui voler son lit, mais Nigros lui a rectifié ses intentions. Et quand le colosse s’est relevé et qu’il a titubé dans le salon, j’ai eu l’impression que la maison au complet était pour s’effondrer. Quel lourdaud d’imbécile!
Pendant que sur le balcon, on s’occupait à deux ou trois du pauvre Morin qui venait d’avoir la peur de sa vie, Nigros continuait de chicaner la brute et tentait par tous les moyens de le chasser de notre maison. Puis soudainement, alors que les choses semblaient se calmer, la Nigr99tte fait irruption sur le perron: « Le gros tabarnak! Il vient de me shoter dans l’oeil! Il m’a crissé un shotte dans l’oeil ! Eille! Ça se passera pas de même esti! Je m’en vas lui casser ses dents… » (genre…)
Alors, on a fait ce qui s’imposait, on a appelé la police. Or, le gros colon a eu le temps de s’échapper, mais du balcon, on a vu qu’il était allé se cacher dans la ruelle. Se cacher ou s’endormir, je ne sais pas. Mais toujours est-il que lorsque la police est arrivée, ils l’ont cueilli sous nos applaudissements, crachats et injures.
Dans les jours suivants, l’histoire s’est propagée dans les blogs de littéraires par le truchement d’un Ed. Hardcore vraiment en beau joual vert que Mistral soit venu foutre la marde dans son party. Et Mistral répondait farouchement comme s’il n’avait rien à se reprocher.
Alors depuis ce temps, je fais tout ce que je peux pour rendre public le fait que Christian Mistral est un esti de cave. Et c’est aussi depuis ce temps qu’un batte de baseball traîne proche de notre porte de maison. Juste au cas où…
La fois où Christian Mistral a voulu péter la yeule à mon coloc…