

Une des tendances marquantes de 2010 a été à mon sens l’évolution du rap vers des sphères plus déconstruites, abstraites, vaporeuses. Qu’ils viennent d’Angleterre (Mount Kimbie par exemple), de France (Onra), de la Côte ouest (Flying Lotus, l’ambassadeur du genre), cette lame de fond cherche à combler l’espace entre la piste de danse et les séssions de sous-sol.
C’est avec beaucoup de plaisir que je vois le Québec embarquer dans la «danse réflexive». Kenlo, avec sa série des Craqnuques est un pionnier de chez-nous reconnu internationalement. Sa contribution, avec Mash, Eman et Claude Bégin sur l’album d’Alaclair Ensemble est un pas majeur dans l’actualisation du rap québécois. Ã? ce propos, les Accrophone viennent de sortir un album instrumental qui sonne très bien.
La compilation Transports est une brique substantielle du temple que le Québec est en train d’édifier. Regroupant des beatmakers de diverses avenues stylistiques, et surtout de différentes villes, Transports se veut un voyage en «train supersonique, avec les artistes aux commandes». C’est la place qu’elle fait à de nouveaux noms, tous très capables, qui étonne le plus. On n’a jamais présumé qu’il y avait un trou culturel à l’extérieur des grands centres, mais il est extrêmement agréable de voir des bastions post-rap/dubstep à Drummondville, Ste-Hyacinthe et Arvida.
L’écoute est gratuite, et ça coûte 5$ pour l’immortaliser dans ton iPod.